Jeudi 31 mars 2016.
De Romain Ă Camille, rĂ©cit d’un parcours transgenre.
Camille W., 26 ans, est en voie de transition.
NĂ©e garçon, elle revendique aujourd’hui sa nouvelle identitĂ© malgrĂ© les tabous qui persistent.
Article de Manon DUMOULIN
A la naissance, ses parents l’ont baptisĂ© Romain mais aujourd’hui, c’est sous le prĂ©nom Camille qu’elle a choisi de se faire appeler. A 26 ans, cette coadministratrice de l’ASBL vĂ©rviĂ©toise Ensemble Autrement a acceptĂ© de nous parler de son parcours de transition. Un tĂ©moignage personnel qui aborde les Ă©tapes difficiles et les tabous du changement de sexe en cette journĂ©e internationale de la visiblitĂ© des personnes transgenres. « Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a autant de parcours que de personnes transgenres diffĂ©rentes. On aimerait pouvoir se fier Ă un mode d’emploi mais c’est loin d’ĂȘtre aussi simple car c’est une dĂ©marche propre Ă chacun, lance d’emblĂ©e Camille. Pour ma part, c’est une transition qui a Ă©tĂ© rĂ©flĂ©chie longuement, d’abord parce qu’il faut s’accepter soi-mĂȘme et puis parce que socialement, le transgendĂ©risme n’est pas considĂ©e comme une possibilitĂ© d’identitĂ© parmi d’autres, on sait d’avance que ça va ĂȘtre difficile. »
Heureusement pour elle, Camille a pu compter sur le soutien de ses proches lorsqu’elle a annoncĂ© son dĂ©sire de changer de genre. Une transformation physique impressionnante qui s’accompagne aussi d’un lourd combat administratif pour les personnes concernĂ©es. « L’aspect esthĂ©tique, ce n’est que la face Ă©mergĂ©e de l’iceberg, mĂȘme si c’est celle qui attire le plus la curiositĂ©. Pour ma part, je suis un traitement hormonal et je suis suivie par une logopĂšde pour le travail de la voix. J’effectue aussi des Ă©pilations pour la mise en beautĂ©. Mais ces changements n’ont rien changĂ© Ă ma personnalitĂ©, je deviens la personne que j’ai toujours Ă©tĂ©. » Aux yeux de la loi pourtant, Camille restera un homme tant qu’elle n’aura pas effectuĂ© de chirurgie de rĂ©assignation sexuelle, autrement dit une opĂ©ration pour changer de sexe. « Pour moi, ces exigences mĂ©dicales sont inhumaines car elles poussent de façon systĂ©matique les personnes sur la voie de l’opĂ©ration, dĂ©nonce la jeune femme. Quoi qu’il en soit, je me sens mieux dans ma peau aujourd’hui et je ne regrette pas mon choix. Il reste les tabous, l’intolĂ©rance mais surtout beaucoup d’ignorance. Il n’y a qu’en continuant Ă parler qu’on pourra combattre la transphobie. »
Un réseau de soutien sur Verviers
Depuis quelques mois, l’ASBL Ensemble Autrement a dĂ©veloppĂ© un axe d’accueil spĂ©cifique pour les personnes transgenres ou en quĂȘte d’identitĂ© sexuelle. Une Ă©coute, un espace mĂ©diation mais aussi un rĂ©seau d’adresses pour s’orienter dans ce parcours du combattant. « On propose de mettre les personnes en contact tant pour le suivi psychologique, mĂ©dical ou associatif. Bref, nous faisons le maximum pour aider chaque personne dans son identitĂ©, quelle qu’elle soit. »